From: gustin pascale <gustin.pascale@free.fr>
To: "_arc.hive_" <_arc.hive_@lm.va.com.au>,
Subject: Un monde =?ISO-8859-1?Q?=E0?= 1 dimension : la ligne de commande.
Date: 21 Dec 2003 17:30:59 +0100

-rw-------    1 root     root        42470 déc 23 13:07 message :

Un monde à 1 dimension : la ligne de commande.

Une fenêtre à ma gauche me permet de poser mon regard à l'extérieur de
la pièce, d'ouvrir l'espace intérieur sur l'espace extérieur. C'est une
rencontre entre deux "espèces d'espaces"; une fenêtre est en quelque
sorte une interface, un point de vue. La fenêtre permet l'évasion,
l'éloignement, par le truchement conjoint de l'oeil et de l'esprit, du
lieu où est situé le corps physique. C'est ainsi, que lorsque je me
trouve ici, à cette place qui m'est familière, face à face avec l'écran
de cet ordinateur, il me suffit de tourner légèrement la tête de côté
pour aller quelques instants voyager dans les entrelacs des branches des
platanes, parsemés de quelques rares feuilles de couleur grises et
brunes, d'observer les nuées sombres glisser lentement au-dessus des
immeubles couleur sable. Pour cela, la fenêtre est magique et
fascinante, c'est la brèche qui permet à l'esprit de sortir de
lui-même, de ce qui l'enferme, des lois des règles et des conventions de
toutes sortes. C'est "l'oeil du vent" [WINDOW].

Non plus à ma gauche mais devant moi, le moniteur de mon ordinateur,
écran cathodique de 17 pouces. Je l'aimerais plus large plus plat,
j'aimerais parfois le voir rivaliser en taille avec la fenêtre qui donne
sur le boulevard, sur le ciel gris et pluvieux aujourd'hui. Car à sa
manière il me mène vers un autre imaginaire, vers une autre forme de
rêverie qui lui est propre. Un rêve de mots, de formes et d'actions
pareil à nul autre. Dans sa capacité à éveiller et transporter
l'imagination, je le comparerai au livre, car telle l'écriture
qui code le monde réel et le retourne à l'esprit, une ligne de commande
inscrite dans un shell met en branle à l'intérieur de la boite grise de
l'ordinateur, un programme qui peut être toute une histoire, une
aventure à lui seul. [Combien de temps passé à chercher la solution
d'une énigme!]

Dans un monde de plus en plus dominé par la culture de l'image (TV, des
films, des dossiers jpg gif gif animés png... ou par l'image de soi ;-) 
j'ai envie de passer du temps à résoudre des problèmes, des énigmes avec
des mots. J'ai passé déjà de nombreuses heures à trouver la solution de
certains problèmes ou vivre parfois des aventures sans solutions, à
explorer des centaines de lignes de codes que la plupart du temps je
comprends mal mais qui me permettent d'autres manières de penser,
d'explorer d'autres processus de création, d'opposer un acte de
résistance contre ce que l'on nous impose trop facilement.

J'observe quelques instants le boulevard, les promeneurs, leurs allées
et venues. Le mouvement subit et blanc d'un envol de pigeons dans
l'espace gris, fluide qui s'écoule imperceptiblement. J'essaie de
percevoir également en moi, ce qu'est ce mouvement, cette fuite ou ce
flux comme si je pouvais ouvrir encore mille et unes fenêtres
supplémentaires, invisibles sur d'autres espaces et y inscrire des
tentatives d'existences nouvelles.

Quelque chose s'écoule, je le sais; quelque chose d'immense dont on ne
perçoit que fragments épars et morceaux, telles les pièces d'un puzzle à
jamais inconstitué...

-rw-------    1 root     root        42470 déc 23 16:43 message : end


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gustin pascale <gustin.pascale@free.fr>

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